« Voulez-vous contribuer au sauvetage de l’Enfance Malheureuse ? » A. DANAN

L’appel d’Alexis Danan – 1936

« On n’aura rien compris à l’enfance, il y aura dans ce pays un drame de l’enfance malheureuse, tant qu’on ne sera pas pénétré de cette vérité qu’il faut à l’enfant de la tendresse et de la joie, comme il lui faut, pour se maintenir en vie et se développer, du soleil et du pain.
L’enfant qui, à cause de la misère ou de la défaillance de ses parents, ne reçoit pas son compte de pain quotidien ; l’enfant à qui l’on n’assure pas un climat d’amour où il ait la
latitude d’exprimer son optimisme naturel et de céder aux élans de son être spontané, souffre et souvent se demande si le monde n’est pas aux violents, si la méfiance et la ruse ne sont pas le secret des forts.
Ce que nous appelons les enfants délinquants, les enfants coupables, ce sont, dans la majorité des cas, des enfants qui, obéissant à leur appétit impatient de pain et d’amour, se sont, d’instinct, rebellés contre un système social où ces biens élémentaires leur étaient refusés.
Nous sommes toujours responsables de la révolte des enfants, comme nous sommes toujours responsables de leurs souffrances »

Historique

C’est en 1936 qu’Alexis Danan prit le premier conscience de la grande carence existant en France. Peu de lois protégeaient les enfants et celles-ci étaient peu ou mal appliquées. Alexis Danan s’attaqua d’abord aux institutions en place. Le 31 Mai 1936, il lança un appel à la France entière dans le journal « Paris Soir », dont il était un brillant collaborateur :
« Nous demandons qu’il en soit de l’Enfance malheureuse dans ce pays et de l’Enfance tout court, comme il en est des jardins et des monuments des villes qui sont placés sous la protection du public ».
Cet appel fut entendu, les consciences s’éveillèrent, les Comités étaient nés. Ils sont aujourd’hui plus de 100 en France, regroupés en fédération.
Parmi les responsables, nombreux sont les spécialistes de l’enfance : médecins, enseignants, travailleurs sociaux, juristes, et d’autres qui connaissent bien le problème pour le vivre journellement.
Des pères et des mères de famille, des volontaires, tous les bénévoles, se battent dans toutes les régions de France pour des enfants qui sont trop souvent oubliés de notre société.
Nous devons à Alexis Danan la fermeture de certaines maisons dites de correction, de célèbre mémoire : Mettray, Eysses. Des modifications importantes de notre système de protection ont vu le jour grâce à lui. Les enfants de l’Assistance Publique, trop souvent placés, il y a une trentaine d’années, comme des domestiques de ferme, ont vu progressivement leur sort amélioré. Il n’a jamais cessé, jusqu’à sa mort en 1979, de réclamer un Ministère de l’Enfance.